La fin de l'offshorisation?
Selon une chronique du Journal du Net parue en janvier dernier, l'externalisation offshore (ou outsourcing, ou offshorisation) telle qu'on l'a connue depuis de nombreuses années, avec pour but de "profiter d’une main-d’œuvre étrangère qualifiée et bon marché pour produire des logiciels de qualité à moindre coût", c'est du passé!
Le Journal du Net évoque un certain nombre de raisons à cela:
- une clientèle de plus en plus mobile
- des mises en production plus rapides et plus fréquentes
- l'avènement de logiciels plus légers et plus évolutifs
Cas extrême cité par la chronique, la plateforme de vente d'Amazon, mise à jour toutes les... 11 secondes! Difficile dans ce laps de temps de voyager en Inde pour passer commande de la nouvelle release, attendre sa livraison et la mettre en production!
Un rapatriement des équipes de développement permet en outre de supprimer les problèmes liés à la distance, au décalage horaire, aux différences linguistiques et culturelles, tout en rapprochant développeur et client final!
Vers des offshorisations différentes
Alors, est-ce la fin de l'offshorisation?
Pas tout à fait!
Certes, l'insourcing (ou backsourcing = le rapatriement du développement) a le vent en poupe, comme mis en exergue par le Journal du Net, et comme l'indiquent certains signes, dont la vente annoncée par HP de ses parts de la société indienne d'outsourcing Mphasis.
Mais, dans le même temps, le géant Google suit les traces du géant Apple et externalise de plus en plus de parties non stratégiques de son business (management de l'infrastructure IT, développements logiciels et maintenance) – vers l'Inde essentiellement.
62% des grandes entreprises externalisent encore, et généralement avec succès si elles prennent garde à éviter les pièges en la matière, notamment la mésentente initiale dans la définition des SLA (service level agreement) et/ou une mauvaise communication.
L'externalisation des développements a donc de l'avenir, mais cet avenir s'annonce d'une couleur différente de ce qui a été fait jusqu'ici. On peut même parler d'une palette de couleurs!
Une externalisation en pleine évolution...
A l'image d'Infosys, leader indien en matière d'outsourcing, qui se renouvelle et forme désormais ses employés en mettant l'accent sur l'augmentation de la productivité et l'amélioration des services à la clientèle.
Une évolution qui tend vers un rapatriement partiel, notamment de tout ce qui touche à l'innovation, l'un des points faibles des sociétés d'outsourcing.
Outsourcing qui évolue aussi vers des contrats à plus court terme, de moins grande ampleur, et avec plus de providers (multi-sourcing).
Une évolution vers une flexibilisation du concept d'outsourcing. Les anglophones nomment cela l'agile sourcing.
A l'extrême du court terme, le mini-outsourcing, qui consiste à engager des gens pour un jour, ou même pour quelques heures ou minutes. C'est ce concept qu'utilise Joonas Karppinen dans sa start-up pour son app "The Happiest Hour", dont le but louable est de localiser le pub offrant l'happy hour la plus attractive et qui est situé le plus proche de vous!
D'autres tendances dans cette évolution du concept d'offshorisation...
- la robotisation: on va confier localement à des robots un maximum de tâches ─ au fil de l'intelligentification de ceux-ci ─ plutôt qu'à des développeurs basés dans de lointains fuseaux horaires;
- l'APIsation: les API (interfaces de programmation applicative) permettent de programmer sans code, sans connaissance approfondie d'un langage compliqué, en bref, de programmer sans... programmeur, du coup, moins besoin d'outsourcer de développement.
Tout s'éclate!
Tout s'éclate, par conséquent!
L'outsourcing à la sauce XXème siècle s'est mué en in/back-sourcing, multi-sourcing, plein de mini-sourcing et en agile sourcing. Il s'est décomposé et a évolué!
Tout comme se sont décomposés les ordinateurs de bureau, à l'heure du changement de millénaire, évoluant de grandes tours à laptops, smartphones, tablettes et objets connectés.
Tout comme se sont décomposés les logiciels en une infinité d'apps, qui inondent tout notre univers désormais de plus en plus mobile et interconnecté.