Pourquoi les objets connectés sont-ils tellement tendances?
Sous l'impulsion de l’Observatoire Technologique de Genève, plus de 300 personnes se sont réunies le mois dernier, pour suivre une conférence sur l’Internet des objets (Internet of Things en anglais). Les domaines qui s'articulent autour de l'"IoT" sont divers et variées, allant du secteur industriel, aux services hospitaliers, en passant par la domotique et l’éducation.
Force est de constater qu’aujourd’hui, la révolution dite "Web 3.0" est en marche et concerne tous les acteurs des nouvelles technologies. On connecte depuis longtemps des ordinateurs et des smartphones à Internet. Mais désormais, tous les objets sont connectables. Aujourd’hui, près de 15 milliards d'objets sont connectés à Internet. Et pas uniquement des téléphones…
Le concept qui définit l’Internet des objets n'est pas révolutionnaire en soit. On entend en effet parler des objets communicants depuis plusieurs dizaines d'années maintenant. Autrefois, on désignait cette technologie sous l’appellation "Machine To Machine". Mais la syntaxe évolue constamment et il faudra désormais s'habituer à "Internet of Things".
Il suffit de jeter un œil sur un graphe pour évaluer l’intérêt grandissant porté sur les objets connectés. Selon l’entreprise de conseil Gartner, l’"Internet of Things" se trouve actuellement au sommet des attentes. Le graphe de Gartner permet d’identifier les tendances et les évolutions des technologies émergentes ou matures. Et effectivement, l’Internet des objets est bien au summum des expectatives.
L’Internet of Things au sommet de la courbe
Selon Goldman Sachs, le marché des objets connectés est prêt à exploser car toutes les conditions technologiques et économiques sont désormais réunies. Les technologies des capteurs sont aujourd’hui optimales, la bande passante est grandissante et la capacité de traitement logiciel n’a jamais été aussi performante. Le marché potentiel est estimé à 80 milliards d’objets connectés, soit 2'000 milliards de dollars d’ici 2020. Rien que ça…
Toujours selon ces mêmes analystes, cette croissance sera soutenue par les entreprises qui développent des objets "wearable", autrement dit des dispositifs qui sont portés en permanence sur soi, comme par exemple les bracelets connectés. Ces objets sont déjà apparus dans différents domaines, comme la cuisine, la domotique, la santé, voire le jardinage. La question de l’intérêt fonctionnel de certains appareils reste en suspens, mais les appareils connectés sont de plus en plus présent au quotidien.
Flower Power de Parrot
Et l’on reparle des montres connectées
Concernant les objets "portés", le secteur le plus actif en ce moment est celui des montres. Ces "smartwatches" sont en effet le fer de lance des appareils connectés "portables". Google s’est déjà fortement positionné pour ce segment avec Android Wear, sa version Android allégée pour les écrans alternatifs. Apple lancera sa propre gamme en 2015, sous l’appellation d’Apple Watch. Le kit de développement WatchKit est d’ailleurs disponible depuis peu. D’autres industriels comme Motorola, Samsung, LG ou Sony sont déjà bien présents avec des produits plus ou moins réussis. Et l’on reparle même de Microsoft, dont la première tentative fut un échec, mais qui semble vouloir retenter sa chance.
Pour bien comprendre l’intérêt de ces "montres" un peu particulières, il ne faut pas les comparer à des montres classiques. Ce ne sont pas des montres qui se limitent à donner l’heure, mais autre chose…à l’instar du premier iPhone qui, en 2007, s’est positionné sur le segment des téléphones mobiles, tout en proposant un nouveau type d’objet innovant. Ces montres sont en réalité, pour l’instant, des extensions de nos smartphones. Elles ont, pour principale objectif de déporter un certain nombre de fonctionnalités du téléphone directement sur le poignet. Les avantages sont nombreux car il est désormais impossible de manquer un SMS, un e-mail, un appel entrant ou un rendez-vous. Et ceci sans sortir le téléphone de sa poche. La future Apple Watch, par exemple, pourra vibrer discrètement à l’arrivée d’un message entrant.
Application de messagerie de la future Apple Watch
Android Wear
Accessoirement, la plupart des montres connectées sont équipées de différents capteurs autonomes, comme par exemple l’accéléromètre qui comptabilisera le nombre de pas dans une journée. Autre exemple, le système de reconnaissance vocal d’Android Wear permet de piloter la musique écoutée depuis son smartphone. Google Maps prend également une toute autre dimension en s’affichant sur l’écran de la montre. Il n’est plus nécessaire de sortir le smartphone, ce qui est très pratique en vélo notamment.
Bref, les champs applicatifs sont multiples, avec, pour seule limite, la créativité des développeurs qui produiront des applications plus ou moins efficaces. Apple semble, par exemple, s’impliquer dans le domaine des applications liées à la santé et au sport, avec la présence de deux capteurs pour mesurer la fréquence cardiaque.
Application "Activity" de la future Apple Watch
La problématique de l’autonomie des montres connectées semble être le frein majeur à l’adoption en masse. Les montres disposent de peu de volume pour abriter une batterie imposante, ce qui peut limiter l’autonomie. Mais il faut rappeler qu’en ce domaine, les progrès sont constants et que la future génération de batterie à venir proposera une autonomie beaucoup plus élevée.
L’autonomie est d’une à deux journées selon les modèles. Cependant la recharge par induction, comme par exemple celle de la Moto360, permet une recharge rapide et complète en deux heures seulement, sans devoir brancher sa montre mais en la posant tout simplement sur un petit socle dédié. La plupart des constructeurs ont d’ailleurs choisi de ne pas intégrer de puce GPS afin d’optimiser la consommation des batteries. La montre utilise alors dans ce cas la puce GPS du smartphone pour faire fonctionner les applications de géolocalisation. En réalité, la question de l’autonomie deviendra secondaire si les smartwatches parviennent à proposer des fonctionnalités qui deviendront indispensables au quotidien.
Support pour le chargeur à induction de la Moto360
Et notre santé dans tout ça ?
Il est impossible de lister tous les domaines applicatifs liés à l’Internet des objets. Ceux-ci sont innombrables. Mais l’un des domaines privilégié semble être celui de la santé. Les principaux acteurs comme Apple sont déjà en train de mettre en place des plate-formes de suivi médical. Il est aussi possible de monitorer certains paramètres par l’intermédiaire de nombreux objets, plus ou moins futiles, comme par exemple certaines balances connectées, scanners organiques qui contrôlent votre alimentation et autres capteurs d’air comme celui de la société suisse Vigilant. Même la qualité de votre sommeil est analysée. La recherche médicale n’est pas en reste, avec par exemple l’initiative d’Intel pour aider à combattre la maladie de Parkinson en utilisant des objets communicants.
Et afin de lutter contre les effets nocifs des ondes radios ou électromagnétiques générées par ces objets, certains capteurs qui analysent les cycles de sommeil, comme HugOne, enregistrent les données et les transmettent le matin, et non pas pendant la nuit. Ces capteurs seraient autonomes et stockent localement les données dans une mémoire physique embarquée avant de les redistribuer sur un hub central.
Il existe aussi un certain nombre de précautions indirectes que les utilisateurs de téléphones portables peuvent prendre pour limiter leur exposition aux ondes environantes. La gamme des produits EMF-Bioshield® permet aux électro-sensibles de vivre une vie à peu près normale, et pour le reste de la population qui n'a pas la même sensibilité, ils assurent une protection qu'aucun autre produit sur le marché n'est en mesure de leur offrir.
Balance connectée de Withings
La micro-localisation un autre axe d'innovation
Les métiers de la distribution commencent eux aussi à être bouleversés par l’apparition des balises de proximité. Apple, encore lui, a lancé une technologie de micro-localisation qui porte le nom de iBeacon. Le principe est simple: utiliser la technologie Bluetooth pour faire communiquer un smartphone avec des balises implantées dans des lieux publics, comme par exemple des magasins. Le but est d’envoyer des offres promotionnelles et éphémères, voir même d’effectuer certaines transactions.
"Smart Beacon" d’Estimote, un exemple de balise iBeacon
Enjeux sociaux et géopolitiques
Si les enjeux économiques et industriels sont importants, les enjeux politiques et sociaux ne sont pas en reste. Et il apparait que l’Europe a un rôle prépondérant à jouer sur ce secteur. En effet, en utilisant le moteur de recherche Shodan, qui recense plusieurs milliards d’objets connectés, il est possible de modéliser une cartographie mondiale de l’Internet des objets. Il est intéressant de constater alors que l’Europe et les Etats-Unis sont les zones géographiques abritant les plus grandes densités d’objets communicants dans le monde. Chaque objet connecté dispose d’une adresse IP, ce qui permet également de le localiser.
Cartographie mondiale des objets connectés
Shodan est un outil fascinant mais controversé pour des raisons de sécurité. La sécurité est d’ailleurs au centre des débats aujourd’hui.
Comment en effet légiférer sur les problématiques de sécurité et de confidentialité posée par la multiplication de ces objets, parfois intrusifs, et qui peuvent potentiellement porter atteinte à la vie privée?
A suivre dans notre prochaine newsletter...